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Patrice Lessard présente Fenêtre sur cour (Rear Window)
7 Mar. 2019 @ 18 h 30 - 20 h 30
11$On voit souvent le romancier au cinéma lorsqu’une de ses œuvres est portée à l’écran. Le roman est en effet l’une des grandes inspirations du cinéma, les adaptations ne se comptent plus. Mais qu’en est-il de la relation inverse ? Le cinéma inspire-t-il les romanciers ? Le langage du film peut-il se frayer un chemin jusqu’à l’écriture romanesque ?
Pour explorer ces questions, la Cinémathèque québécoise et l’UNEQ invitent des romanciers et romancières à évoquer l’influence du cinéma sur une ou plusieurs de leurs œuvres en choisissant un film qui a laissé des traces plus ou moins visibles dans un de leurs livres. Ces traces peuvent se situer dans la thématique, dans le récit ou dans le rythme du roman, par exemple.
Le 7 mars 2019, 18 h 30, à la Cinémathèque québécoise,
l’écrivain Patrice Lessard présentera le film
Fenêtre sur cour (Rear Window) d’Alfred Hitchcock (1954),
qui a inspiré son roman Cinéma Royal (Héliotrope, 2017).
Droits d’entrée
- Étudiants : 10 $
- Adultes : 11 $
- 65 ans et plus : 10 $
Patrice Lessard
Patrice Lessard est né à Louiseville en 1971. Depuis 1999, il travaille comme professeur de littérature au collège de Bois-de-Boulogne.
En 2009 paraît son premier livre, un recueil de nouvelles intitulé Je suis Sébastien Chevalier (Rodrigol). Puis s’amorce, aux éditions Héliotrope, la publication de la Trilogie lisboète constituée du Sermon aux poissons (2011), de Nina (2012) et de L’enterrement de la sardine (2014).
Excellence Poulet (Héliotrope, 2015) est un polar dont l’action se déroule dans les ruelles sales de la Petite-Patrie.
En septembre 2017, chez Héliotrope, il a publié le roman Cinéma royal, influencé par le film Fenêtre sur cour (Rear Window) d’Alfred Hitchcock.
« À l’origine de l’écriture de Cinéma Royal, il y a ma fascination pour le film Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock, qui traite du meurtre et de la disparition d’une femme. Fenêtre sur cour (1954) est un film à point de vue : celui du voyeur, L.B. Jefferies (James Stewart). Or il m’a toujours semblé étonnant, voire troublant, que la femme assassinée soit à ce point évacuée de l’intrigue, nous soit à ce point inconnue — on sait que Hitchcock a souvent été accusé de misogynie. Elle est le McGuffin typique, simple prétexte au développement de l’intrigue : nous découvrirons l’histoire du meurtre d’Anna Thorwald mais ne connaîtrons jamais Anna Thorwald. Pire, dans « It Had to be Murder » (1942), la nouvelle de Cornell Woolrich adaptée par Hitchcock, il n’y a aucun autre personnage féminin que la morte. Stella (Thelma Ritter) et Lisa (Grace Kelly), personnages centraux de Fenêtre sur cour, n’existent pas. J’ai beau savoir que « It Had to be Murder » a été écrit bien avant le scénario de Fenêtre sur cour, Woolrich me donne l’impression d’avoir voulu supprimer les femmes de son histoire…
Or les personnages féminins structurent l’intrigue de ce film et lui donnent une profondeur qui va au-delà des clichés génériques du thriller ou du récit d’enquête. Dans Cinéma Royal, je voulais donner au personnage féminin le rôle qu’on devrait lui considérer dans Fenêtre sur cour : celui de l’héroïne… »
— Patrice Lessard
Extrait du roman Cinéma Royal
1.
…je me mis à flâner sur Netflix et fus agréablement surpris de constater que s’y trouvait le film Rear Window. Je tirai les rideaux et m’installai dans la pénombre.
C’est une œuvre formidable à cause de Grace Kelly, que néglige James Stewart, immobile, devenu voyeur par désoccupation et obnubilé par les histoires qu’il voit à travers les fenêtres de ses voisins de la cour intérieure, incapable de s’émouvoir de sa présence aimante et rassurante à elle, Lisa, véritable héroïne du film, qui ira à ses risques et périls débusquer les preuves du délit. J’avais déjà fait, moi aussi, ce genre d’erreur, me mis à penser à ces femmes que je n’avais pas assez aimées, dont je m’étais rendu compte trop tard, après les avoir quittées ou perdues, à quel point elles étaient merveilleuses.
2.
Je revins sur mes pas et pris Hudson Street jusqu’à West 10th Street. Dans Manhattan Murder Mistery de Woody Allen, Alan Alda et Diane Keaton réussissent à pénétrer, par 10th Street, selon mes lectures, dans la cour intérieure de Rear Window. J’identifiai facilement la porte menant au passage. Sans surprise, elle était fermée à clé. […] Je déambulai dans 10th Street, revins plusieurs fois sur mes pas. Au bout d’une vingtaine de minutes, un homme d’une cinquantaine d’années, chauve, gras et portant un complet noir d’une autre époque, s’approcha de la porte du passage, sortit son trousseau de clés et ouvrit. Je me précipitai vers lui. Sir, I’m sorry, commençai-je, I need your help, I’m a stranger in this town and… Sorry, I haven’t got any money, coupa-t-il avant de pénétrer dans le passage.
Résumé du film Fenêtre sur cour (Rear Window)
Réalisation : Alfred Hitchcock (États-Unis 1954, 110 minutes, version originale anglaise avec sous-titres français) avec James Stewart, Grace Kelly, Wendell Corey.
À cause d’une jambe cassée, le reporter-photographe L. B. Jeffries est contraint de rester chez lui dans un fauteuil roulant. Homme d’action et amateur d’aventure, il s’aperçoit qu’il peut tirer parti de son immobilité forcée en étudiant le comportement des habitants de l’immeuble qu’il occupe dans Greenwich Village. Et ses observations l’amènent à la conviction que Lars Thorwald, son voisin d’en face, a assassiné sa femme. Sa fiancée, Lisa Fremont, ne le prend tout d’abord pas au sérieux, ironisant sur l’excitation que lui procure sa surveillance, mais finit par se prendre au jeu… (Source : AlloCiné)
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