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Martin Winckler présente : Barberousse d’Akira Kurosawa
16 Jan. 2016 @ 19 h 00 - 21 h 00
10$On voit souvent le romancier au cinéma lorsqu’une de ses œuvres est portée à l’écran. Le roman est en effet l’une des grandes inspirations du cinéma et les adaptations ne se comptent plus. Mais qu’en est-il de la relation inverse ? Le cinéma inspire-t-il les romanciers ? Le langage du film peut-il se frayer un chemin jusqu’à l’écriture romanesque ? Pour explorer ces questions, la Cinémathèque québécoise et l’Union des écrivaines et des écrivains québécois invitent cinq romanciers à évoquer l’influence du cinéma sur une ou plusieurs de leurs œuvres en choisissant un film qui a laissé des traces plus ou moins visibles dans un de leurs livres. Ces traces peuvent se situer dans la thématique, dans le récit ou dans le rythme du roman, par exemple.
Droits d’entrée :
Étudiants 9$
Adultes 10$
Aînés (65 ans et plus) 9$
J’ai vu Barberousse pour la première fois au milieu des années 70, lorsqu’il est ressorti en France, une dizaine d’années après sa sortie initiale. J’étais alors au début de mes études de médecine, et je cherchais des modèles de rôle partout où je pouvais. J’en avais eu un, de taille; c’était mon père. Je commençais à en rencontrer d’autres au cours de ma formation. Mais la vision du film de Kurosawa a été déterminante. Il mettait en scène un jeune médecin arrogant, comme il y en avait beaucoup autour de moi – et comme je le deviendrais moi aussi, au début de ma carrière -, face à un praticien bourru, sans complaisance, mais soucieux de soigner des patients tous plus démunis les uns que les autres. Au long de ce film de trois heures d’une rudesse et d’un réalisme impressionnant, le jeune médecin – qui ne demande que ça, au fond – apprend à soigner et à valoriser son travail plus que son statut. Trente ans plus tard, alors que j’avais quitté le modeste centre de santé des femmes dans lequel j’exerçais depuis vingt-cinq ans sans jamais avoir pu transmettre ce que je savais à des étudiants, j’ai voulu le consigner dans un roman. Cinq ans auparavant, j’avais transposé mes études de médecine sous la forme épique d’un remake des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas. Immédiatement, le souvenir de Barberousse s’est imposé. J’ai alors écrit Le Chœur des femmes (P.O.L, 2009), qui reprend non seulement son argument et une partie de sa trame, mais contient de nombreuses allusions et hommages explicites au film de Kurosawa. Martin Winckler
Martin Winckler
Marc Zaffran, alias Martin Winkler, est à la fois médecin, écrivain et chercheur. Il a pratiqué la médecine en France durant plus d’une vingtaine d’années. Au Québec depuis plus de cinq ans, il a été chercheur invité au CREUM (Centre de recherche en Éthique de l’Université de Montréal) de 2009 à 2012 pour réaliser une recherche portant sur la transmission des valeurs éthiques en médecine et sur l’information donnée au public à propos des problématiques de santé.
Ses intérêts sont variés : la formation des médecins, la relation patient-médecin, l’image du médecin, la contraception, mais aussi la littérature sous diverses formes. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages allant du roman aux guides pratiques sur la contraception en passant par le recueil de nouvelles, l’essai critique, le conte pour enfants, etc. Il a été écrivain en résidence au département de littérature française à l’Université d’Ottawa en 2012 et anime un blogue littéraire : Le Chevalier des touches.
Très présent dans l’espace médiatique, il participe à des émissions de radio, possède un site internet (www.martinwinckler.com/) consacré à des sujets de santé depuis plus de dix ans et participe à l’écriture de billets pour le site Passeportsanté.net.
Le roman
Le Chœur des femmes, Paris, Éditions P.O.L., 2009
Résumé de l’éditeur
Jean Atwood, interne des hôpitaux et quatre fois major de promotion, vise un poste de chef de clinique en chirurgie gynécologique. Mais au lieu de lui attribuer le poste convoité, on l’envoie passer son dernier semestre d’internat dans un service de médecine consacré à la médecine des femmes – avortement, contraception, violences conjugales, maternité des adolescentes, accompagnement des cancers gynécologiques en phase terminale.
Le Docteur Atwood veut faire de la chirurgie, et non passer son temps à écouter des femmes parler d’elles-mêmes à longueur de journée. Ni servir un chef de service à la personnalité controversée. Car le mystérieux Docteur Karma – surnommé « Barbe-Bleue » – séduit sans vergogne, paraît-il, patientes et infirmières et maltraite sans pitié, dit-on, les internes placés sous ses ordres. Pour Jean Atwood, interne à la forte personnalité et qui brûle d’exercer son métier dans un environnement prestigieux, le conflit ouvert avec ce chef de service autoritaire semble inévitable.
Mais la réalité n’est jamais ce que l’on anticipe, et la rencontre entre les deux médecins ne va pas se dérouler comme l’interne l’imagine.
Le film
Barberousse
Réalisation : Akira Kurosawa [An., 1965, 185 min, 35 mm, VOA] avec Toshirô Mifune, Yûzô Kayama et Kyoko Kawaga
Vers 1820. Après de brillantes études médicales à Nagasaki, Noboru Yasumoto revient à Edo – aujourd’hui Tokyo -, dans l’espoir de faire carrière. A son grand dam, il est nommé interne à la clinique du docteur Niide Kvojo, un médecin des pauvres surnommé «Barberousse». Dans un premier temps, Noboru refuse violemment de collaborer avec Kvojo. Peu à peu pourtant, il ravale sa déception et se laisse séduire par l’extraordinaire personnalité de son patron, au point d’accepter un jour une redoutable responsabilité… – Télérama
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