Exposition présentée dans la minigalerie de l’UNEQ du 1^er février au 1^er mai 2017.

Vernissage : jeudi 23 février à 17 h 30.

Décollages

J’écris comme je colle. Quand je manque de mots, je glane des images çà et là, la plupart gratuites. Je les découpe, les mélange et les replace selon de nouvelles liaisons oculairement spontanées, souvent aléatoires.

Il n’y a pas de hasards objectifs, il n’y a que des co-incidences subjectives. Ré-imaginer des données photographiques tient autant du plaisir ludique de l’œil que d’une recomposition des représentations courantes et généralement figuratives.

Le collage me semble donc être moins un art volontaire ou volontariste — d’ailleurs quel art est à l’avance choisi ou déterminé ? — qu’un jeu intuitif. Il m’apparaît tel un passage déconstructeur du regard usuel vers une proposition de vision autre, parfois surréaliste, étonnamment métaphysicienne et essentiellement méditative. Bref, une façon artisanale de me guérir des horreurs proliférant sur l’abondance des écrans.

Il y a tant d’images de et en ce monde. Mais y en a-t-il assez faisant rêver à d’autres mondes, en cette époque de temps réel et de réalité augmentée ? Je crois que cela vaut tout aussi bien pour cet art des lettres et des mots qui, simultanément, me donnent l’illusion de me prendre pour un écrivain ou un poète.

J’écris comme je colle. Comme je colle à la loterie des mots dans le casino du dictionnaire et à la roulette des paroles de la vie. Sans martingale mais pour mieux décoller.

José Acquelin

José Acquelin est né à Montréal de parents occitans. Depuis 1987, il a publié une vingtaine de recueils, essentiellement aux éditions Les Herbes rouges. Son dernier recueil, Anarchie de la lumière, a remporté un Prix du Gouverneur général en 2014. Concepteur et animateur de nombreuses soirées mêlant poésie et musique, il a pour conviction que tout vrai poème est simultanément le premier et le dernier, un testament et une déclaration de naissance.