Qu’est-ce qu’une forêt ? Un territoire, une idée. Un souvenir ou une invention. Un rêve même. C’est un lieu où on entre parfois sans savoir comment on va en ressortir. La forêt s’ouvre et nos repères s’éclipsent peu à peu. On met un pied devant l’autre et la route ne va plus de soi.

Il y a peut-être un sentier, peut-être pas.

On y trouve des arbres, des branches, des feuilles. Possiblement le bruit d’une rivière au loin, ou d’un animal qui s’esquive ou nous guette. La forêt est dense, chargée de vie et de symboles. Lieu foisonnant et multiple, tout à la fois de perdition et d’enquête, d’errance et de déchiffrement, la forêt représente cet endroit où on peut tour à tour se perdre et se retrouver.

Estuaire, pour son cent soixante-dixième numéro, a décidé d’inviter des poètes à s’aventurer en forêt, afin qu’ils puissent nous la raconter chacun à leur façon. Ainsi, les poèmes que donne à lire cette livraison l’investissent sous toutes ses formes : ses signes, ses éléments, sa tranquillité, son étrangeté, sa faune, sa mythologie… Car après tout, si l’imaginaire de la forêt est aussi riche et présent dans l’histoire de notre poésie, c’est peut-être parce que le poème sait entendre la voix des arbres, des feuilles et des fleurs.