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Réjane Bougé présente le film Thérèse, qui a inspiré son œuvre
4 Fév. 2017 @ 19 h 00 - 21 h 00
10$On voit souvent le romancier au cinéma lorsqu’une de ses œuvres est portée à l’écran. Le roman est en effet l’une des grandes inspirations du cinéma et les adaptations ne se comptent plus. Mais qu’en est-il de la relation inverse ?
Le cinéma inspire-t-il les romanciers ? Le langage du film peut-il se frayer un chemin jusqu’à l’écriture romanesque ? Pour explorer ces questions, la Cinémathèque québécoise et l’UNEQ invitent quatre romancières à évoquer l’influence du cinéma sur une ou plusieurs de leurs œuvres en choisissant un film qui a laissé des traces plus ou moins visibles dans un de leurs livres. Ces traces peuvent se situer dans la thématique, dans le récit ou dans le rythme du roman, par exemple.
Se sont succédées, dans la Salle principale de la Cinémathèque québécoise, les romancières Anaïs Barbeau-Lavalette, Dominique Scali et Perrine Leblanc. Réjane Bougé ferme le bal de cette troisième saison avec le film Thérèse d’Alain Cavalier.
Droits d’entrée
- Étudiants : 9 $
- Adultes : 10 $
- 65 ans et plus : 9 $
Réjane Bougé
Née à Montréal en 1957, Réjane Bougé publie régulièrement depuis 25 ans, abordant différents genres : romans, récits et livres jeunesse. Son plus récent titre, Bruits et gestes perdus, quarante-deux tableaux pour une disparition, publié en 2013, privilégiait la forme du fragment pour évoquer le quotidien d’un couple. Plusieurs de ses ouvrages ont des saveurs autobiographiques dont Je ne me lève jamais avant la fin du générique (2005), fait sous la forme d’un bilan cinéphilique, et Sur les murs d’un Montréal qui s’efface (2011), où le travail de la mémoire est prédominant. Après avoir été animatrice d’émissions culturelles et littéraires à la radio de Radio-Canada pendant de nombreuses années, elle a été pendant 10 ans conseillère culturelle au Conseil des arts de Montréal pour la littérature et le cinéma, un travail qui lui a permis de conjuguer ses deux passions. Réjane Bougé a été élue présidente de l’UNEQ en décembre 2016.
Thérèse : le titre donne le premier gros plan du film d’Alain Cavalier (1986). On se rapproche ainsi de Thérèse Martin mieux connue sous le nom de sainte Thérèse de Lisieux. La cuillère de bois cognée sur les assiettes au réfectoire du Carmel, les ciseaux dont les lames mal affûtées couinent dans les cheveux des novices, les froissements d’étoffes dans le sillon des déplacements des religieuses, les mains qui vident les poissons, tordent la lessive, repassent les draps : Cavalier élabore à l’écran une splendide poétique du fragment sur des fonds gris bleu inspirés par Manet. Chaque scène, indispensable, est cependant modulée par l’ensemble dans une esthétique rigoureuse qui ne jugule pas l’émotion. Rien à voir avec un minimalisme indigent ou un formalisme sec.
Son râpeux de la lame de rasoir sur la peau, tranchant du coupe-papier utilisé pour ouvrir le courrier, tintement des clefs et des lunettes posées chaque soir sur la commode, Bruits et gestes perdus, quarante-deux tableaux pour une disparition propose la même épiphanie du quotidien pour faire revivre un écrivain foudroyé par une leucémie rarissime, Jean-Marie Poupart. Dans l’épaisseur du silence que l’être aimé laisse derrière lui, la narratrice découpe des bruits et des gestes également sous forme de fragments. Trente ans plus tard, cette publication rejoint la Thérèse mise en scène par Cavalier, Thérèse qui disait vouloir être sainte « par la fidélité aux plus petites choses ».
Réjane Bougé
Bruits et gestes perdus, quarante-deux tableaux pour une disparition (L’Instant même, 2013)
La mort sépare un couple. Celle qui reste se retrouve enfouie dans les épaisseurs du silence que l’être aimé laisse derrière lui. Puis, peu à peu, la voilà à déterrer le plus de bruits possible. Pour se réconforter, un à un, lentement, elle les déplie : son râpeux de la lame de rasoir sur la peau ou tranchant du coupe-papier utilisé pour ouvrir le courrier, tintement des clefs et des lunettes posées chaque soir sur la commode. Sans oublier le grand rire communicatif du disparu !
Grâce au présent de l’écriture, la narration fait revivre celui qui est parti en évoquant les objets familiers et les gestes de tous les jours. De ce récit fragmenté se dégage une épiphanie du quotidien. L’homme foudroyé par une leucémie rarissime était un écrivain. Il sera donc beaucoup question, dans ce livre, des rituels qui accompagnent une vie entière consacrée à la littérature. Dans un style à la fois retenu et incantatoire, non dénué d’humour et de drôleries, l’auteure rend hommage à son compagnon de vie, l’écrivain Jean-Marie Poupart, auteur prolifique et lecteur boulimique, mort à l’été 2004.
Je ne me lève jamais avant la fin du générique (Québec Amérique, 2005)
Voici un récit qui mêle septième art et genre biographique. L’auteure se dévoile à travers 34 séquences de son histoire personnelle auxquelles sont associés des moments cinématographiques marquants. Mine de rien, c’est pas moins de 154 films d’hier et d’aujourd’hui et de toute provenance qui sont évoqués pour illustrer cette cartographie de l’intime. Sur le ton de la confidence, découvrez comment les Chabrol, Wenders, Greeneway, Godard, Resnais, Cronenberg, Kubrick, Hitchcock, Bergman, Polanski, Bunuel,Tavernier, Arcand, Lepage et plusieurs autres se sont immiscés dans la vie de Réjane Bougé et ont influencé sa conception du monde. (Source : Librairie Mollat, Bordeaux)
Réalisation : Alain Cavalier (France, 1986, 94 min., VOF) avec Catherine Mouchet, Aurore Prieto et Sylvie Habault. Évocation de la vie de sainte Thérèse de Lisieux, carmélite qui mourut de la tuberculose en 1897.