Mot de la présidente — Les écrivaines et les écrivains, enfin des artistes à part entière !
Personne ne croyait possible l’adoption d’une nouvelle loi sur le statut de l’artiste avant la fin des travaux parlementaires tellement les délais étaient serrés. Les journalistes, qui pourtant y étaient plutôt favorables, nous prédisaient que le projet de loi mourrait au feuilleton. Malgré les doutes et le scepticisme ambiant, l’UNEQ et quelques associations d’artistes y croyaient dur comme fer.
Lorsque la loi a été finalement adoptée sur les chapeaux de roue, le 3 juin dernier, certains ont crié au miracle ou à la chance. Toutefois, cette victoire historique n’a rien d’un miracle et ne doit rien à la chance. Elle est le résultat d’une lutte acharnée de l’UNEQ pour faire reconnaître aux écrivaines et aux écrivains le même statut que pour les autres artistes. Le droit à la négociation d’ententes collectives. Le droit à un filet social. Le droit à des recours en cas de harcèlement psychologique ou sexuel, au même titre que les autres travailleurs. Le droit d’être des artistes à part entière.
Durant cette longue et dure bataille, nous avons eu le soutien précieux d’autres associations d’artistes. Mais nous n’y serions jamais parvenus sans la passion et la détermination de notre directeur général, Laurent Dubois. Avec sa formidable équipe, Laurent a soutenu le dossier de la révision à bout de bras, dans des conditions parfois pénibles, sans jamais compter les heures, et avec un sens remarquable du leadership. Nous n’y serions jamais parvenus sans les membres de notre conseil d’administration, qui n’ont jamais hésité à déployer les ressources financières nécessaires afin que l’UNEQ puisse exercer un lobby efficace auprès du gouvernement, organiser des campagnes de mobilisation, mettre sur pied des campagnes de presse. Nous n’y serions jamais parvenus sans l’engagement indéfectible des autrices et des auteurs : vous avez assisté à nos assemblées publiques, signé nos lettres ouvertes en grand nombre, écrit aux députés de votre circonscription. Je tiens à saluer la ministre de la Culture et des Communications, qui a tenu parole en livrant cette loi essentielle pour nos artistes, ainsi que l’appui transpartisan de tous les partis de l’opposition.
Non, il ne s’agit pas d’un miracle. C’est la preuve que la justice et l’équité peuvent prévaloir lorsqu’on y croit et que l’on se bat pour elles.
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Une nouvelle ère s’ouvre dans notre vie associative. Grâce à la loi sur le statut de l’artiste, l’UNEQ peut enfin remplir sa mission syndicale et entreprendre la négociation d’ententes collectives qui encadreront les conditions minimales de travail des autrices et des auteurs.
Nous avons beaucoup de pain sur la planche, mais il s’agit de bon pain ! D’ici à l’automne prochain, nous devons procéder à la réorganisation de notre équipe afin de répondre aux exigences de la négociation d’ententes collectives. Nous formerons un comité de négociation. Nous mettrons sur pied des tables de consultation d’écrivaines et d’écrivains afin de vous entendre et nous inspirer de vos réalités pour les futures négociations. Nous rédigerons ensuite une ébauche d’entente collective. Ces étapes franchies, nous enverrons un avis de négociation à l’ANEL et à d’autres groupes ciblés de la chaîne du livre.
Oui, une nouvelle ère s’ouvre pour l’UNEQ ! Prenons le temps de célébrer cette victoire extraordinaire.
En toute solidarité,
Votre présidente,
Suzanne Aubry