La crise n’est pas une excuse au travail gratuit des écrivaines et des écrivains !
Montréal, 24 mars 2020 — Chères écrivaines, chers écrivains,
Depuis la semaine dernière, nous avons constaté que plusieurs annonces destinées aux artistes font appel à la générosité des écrivain.e.s et à leur solidarité, les invitant à produire du contenu en ligne pour aider la population à « mieux vivre » cette crise.
Il est évident que les arts, et notamment la littérature, peuvent et doivent jouer un rôle fondamental pendant cette période éprouvante et que le temps consacré à la lecture dans les familles devrait augmenter considérablement. Mais la crise du coronavirus ne doit pas devenir une exception de plus à la Loi sur le droit d’auteur ou une occasion supplémentaire de solliciter des écrivaines et écrivains pour du travail gratuit.
Que l’un d’entre vous décide, de sa propre initiative, de lire publiquement une de ses œuvres est une chose, mais quand il s’agit d’organismes ou de regroupements, c’en est une autre, et il faut dans ces cas impérativement veiller à ce que ceux-ci se conforment aux lois qui encadrent votre métier.
Aussi, nous vous invitons à la plus grande prudence avant d’offrir ou d’accepter une proposition de lecture ou de prestation à distance. Je vous rappelle que l’UNEQ se fera un plaisir de vous conseiller sur les bonnes pratiques ou d’entrer en contact avec les organisateurs de ces événements en ligne, comme nous l’avons fait à plusieurs reprises la semaine dernière afin de mener les vérifications qui s’imposent. Nous nous assurons donc, aussi souvent que possible, que ces prestations ou interventions se déroulent dans le respect des artistes, de leurs œuvres et des lois.
Relations avec les éditeurs
Certaines maisons d’édition au Québec sont de petites entreprises qui ne seront malheureusement pas épargnées par les conséquences économiques de cette situation de crise.
Les semaines et les mois qui viennent correspondent, pour beaucoup d’entre vous, à la reddition de comptes des éditeurs et donc au paiement de vos redevances. Il est fort probable que vous soyez quelques-uns à être confrontés à des difficultés de paiement.
Nous sommes plus fort collectivement. C’est pourquoi je vous invite à faire connaître à Geneviève Lauzon, directrice des relations professionnelles et des services aux écrivains de l’UNEQ, toute situation délicate rencontrée avec vos éditeurs dans cette période en écrivant à g.lauzon@uneq.qc.ca.
Nous travaillerons de concert avec l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) et les pouvoirs publics pour faire en sorte que les dossiers les plus sensibles soient accompagnés au mieux.
Évaluation des pertes de revenus pour les écrivaines et écrivains
Vous le savez, les lois québécoises sur le statut de l’artiste sont actuellement en processus de révision. Même s’il est évident que les délais prévus ne seront pas respectés, ces travaux restent une priorité absolue pour l’UNEQ et nous continuons à nous y préparer.
La crise démontre une fois de plus la fragilité de votre métier. L’absence d’accords-cadres nous empêche d’agir collectivement comme peuvent le faire d’autres syndicats d’artistes. L’absence de filet social vous prive d’une protection à laquelle vous devriez avoir droit comme les autres artistes.
C’est pourquoi nous souhaitons compléter les arguments que nous ferons valoir auprès du ministère de la Culture et des Communications par une évaluation des pertes de revenus des écrivaines et écrivains liées à la crise du coronavirus.
Vous recevrez dans les prochains jours un petit questionnaire à cet effet. Je vous remercie à l’avance de prendre les 15 minutes nécessaires pour le remplir et ainsi nous offrir des informations précieuses pour nos plaidoiries à venir.
Soyez assuré.e.s que tous les membres de mon équipe, quoique confiné.e.s chez eux, demeurent à votre disposition.
Je vous souhaite de préserver votre santé et celle de vos proches.
Laurent Dubois
Directeur général, UNEQ