Mot de la présidente — novembre 2019

Par Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ

À bas la gratuité !

Récemment, plus de 200 autrices et auteurs ont signé un manifeste pour protester contre le règne de la gratuité lorsqu’il est question de leurs prestations, qu’il s’agisse de conférences dans les librairies ou dans les bibliothèques, de tables rondes et d’interventions publiques dans les salons du livre — voyez notre article sur cette déclaration.

L’argument le plus souvent évoqué pour justifier la gratuité ? Ces événements contribuent à la promotion de leurs œuvres. Autrement dit, les écrivains se rendent service à eux-mêmes en acceptant de travailler sans être payés. Dans quel autre domaine oserait-on user d’un argument aussi fallacieux ?

© Julien Faugère

Les signataires ont tout à fait raison de dénoncer cette réalité. Il n’y a aucun argument qui tienne pour ne pas rémunérer des écrivains invités à participer à toute activité littéraire. C’est parce qu’ils ont contribué, par leurs œuvres et leur talent, à bâtir la littérature du Québec, et parce qu’ils sont de véritables professionnels qu’on leur demande de participer à ces événements littéraires. Je suis vraiment lasse de le rappeler, mais je le rappelle tout de même : sans les écrivain.e.s, il n’y aurait pas de livres, donc pas d’éditeurs, pas de libraires ni de distributeurs. Toute la chaîne du livre repose sur ce premier maillon essentiel. La reconnaissance du statut professionnel des auteurs et autrices passe nécessairement par une juste rémunération.

Il est important de souligner que l’UNEQ gère plusieurs programmes de tournée dans les écoles et les cégeps, ainsi que des conférences en bibliothèque qui sont très populaires et pour lesquels les auteurs reçoivent des cachets décents (pour en savoir plus sur ces programmes, cliquez ici). Notre Union a également établi des tarifs minimaux pour toutes sortes de prestations — pour consulter notre grille de tarifs, c’est par ici. Nous ne pouvons malheureusement pas les imposer, mais ces tarifs servent de référence pour les bibliothécaires, les libraires et les organisateurs de salons du livre afin que les autrices et les auteurs soient rémunérés décemment. Nous avons également fait des représentations auprès de l’Association québécoise des salons du livre (AQSL) afin de souligner l’importance de cachets pour les prestations des écrivain.e.s., et nous continuerons à le faire jusqu’à ce que des cachets équitables deviennent la norme.

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Sur cette note combative, je vous souhaite à toutes et tous un merveilleux Salon du livre de Montréal, de belles rencontres avec vos lectrices et lecteurs ainsi qu’avec vos collègues.

Il n’est pas trop tard pour vous inscrire à la Journée Lire pour réussir, présentée par l’UNEQ et par la Fondation Lire pour réussir le 25 novembre prochain dans le cadre du Salon du livre de Montréal — cliquez ici. Une quinzaine de spécialistes participeront à des ateliers-rencontres et à deux tables rondes. Ces dernières seront animées par Stéphane Garneau, chroniqueur et auteur, et Claudia Larochelle, chroniqueuse et écrivaine. Pour clôturer l’événement, Laurent Dubois, directeur général de l’UNEQ, s’entretiendra avec l’essayiste et philosophe Normand Baillargeon.