Mot de la présidente — juin 2019
Par Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ
Une loi pour les auteurs ou pour les utilisateurs ?
En avril dernier, tout le milieu des artistes et des créateurs s’est mobilisé autour d’une campagne de sensibilisation assortie d’un manifeste, Une vie sans art, vraiment ?, pour réclamer une loi canadienne sur le droit d’auteur plus équitable. Je suis fière d’annoncer que plus de 40 % des membres de l’UNEQ ont signé ce manifeste. Il n’est d’ailleurs pas trop tard pour y apposer votre signature, à l’adresse uneviesansart.ca.
Cet appui important me donne des ailes afin de poursuivre notre action, car rien n’est encore gagné. Le Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie (Comité INDU) a publié récemment un rapport dans le cadre de l’examen de la Loi sur le droit d’auteur. Au lieu de prendre la mesure des dommages causés par l’exception équitable et de proposer des solutions, le Comité INDU jette de l’huile sur le feu. En effet, la recommandation 18, qui invite le gouvernement à déposer un projet de loi pour modifier l’article 29 de la Loi sur le droit d’auteur afin que la liste de fins visées par l’exception relative à l’utilisation équitable en soit une indicative plutôt qu’exhaustive, ouvre la porte à des abus encore plus flagrants — voyez le communiqué de l’UNEQ du 5 juin dernier.
C’est justement le manque de précision de la Loi, depuis 2012, qui favorise la judiciarisation des rapports entre les utilisateurs des œuvres et les créateurs.
Cela, sans compter que le Comité INDU, de son propre aveu, n’a même pas pris connaissance d’une étude du Comité permanent du patrimoine canadien dont les recommandations allaient dans le sens des demandes des créateurs. C’est un geste de mépris, non seulement pour les auteurs, mais aussi pour le ministère du Patrimoine canadien qui aurait dû, au point de départ, être le maître d’œuvre du processus d’examen de la Loi sur le droit d’auteur, que je suis tentée de renommer la Loi sur le droit des utilisateurs…
Autoédition et compte d’auteur
Depuis quelques années, le pourcentage d’écrivains se consacrant à l’autoédition ou à l’édition à compte d’auteur n’a cessé d’augmenter. Nous recevons de plus en plus de demandes d’auteurs afin de les guider dans leurs démarches d’édition non traditionnelle. C’est pour mieux comprendre ces nouvelles pratiques, en mesurer l’étendue et mieux conseiller et encadrer les auteurs qui décident de s’engager dans cette voie que l’UNEQ a envoyé récemment un sondage à ses membres.
En tant que syndicat professionnel, l’UNEQ n’encourage pas l’autoédition ou le compte d’auteur, mais notre association ne peut fermer les yeux sur cette réalité. Nous réfléchissons à l’heure actuelle aux meilleures façons de continuer à protéger le statut professionnel des écrivains et, pour cela, il est nécessaire d’avoir une idée précise de l’état des lieux.
Quelques données sur le livre
Saviez-vous que sur les 216 739 titres vendus en 2018 dans les librairies indépendantes au Québec, 69 248 titres ont été vendus à un seul exemplaire, soit 32 % des titres vendus en librairie ?
Saviez-vous que malgré l’offre de livres étrangers dans nos librairies (six fois plus nouveaux titres étrangers ont été mis en marché au Québec en 2018 que de nouveautés québécoises), les éditeurs québécois réalisent pratiquement le même volume de ventes annuelles que les éditeurs étrangers ?
Ces données (et bien plus encore) se trouvent dans une récente étude de la BTLF (Société de gestion de la Banque de titres de langue française), commandée par l’Association des libraires du Québec – cliquez ici.
*****
Il ne me reste plus qu’à nous souhaiter un magnifique été, des lectures stimulantes et de l’inspiration à profusion !