Mot de la présidente — mai 2019
Chères écrivaines, chers écrivains,
Vous avez reçu récemment plusieurs appels à signer un manifeste dans le cadre de la campagne Une vie sans art, vraiment ? mise sur pied par les 16 associations professionnelles et les sociétés de gestion collective regroupées sous la coalition DAMIC (Droit d’auteur-Multimédia-Internet-Copyright).
Il est très rare que plus de 200 000 artistes s’expriment d’une seule voix. Aujourd’hui, c’est pour réclamer une Loi sur le droit d’auteur qui soit plus équitable et qui leur permette d’avoir un gagne-pain décent pour leurs œuvres.
Ce manifeste a été qualifié avec justesse de « cri du cœur des créateurs » par les médias. J’irais plus loin. C’est un cri d’alarme et, dans le cas notamment des auteurs-compositeurs-interprètes dont les œuvres sont payées par le nombre de clics sur les plateformes comme Spotify — ce qui leur donne carrément des peanuts —, c’est un cri de désespoir. Car nous en sommes là. La Loi sur le droit d’auteur, qui devait par sa nature même protéger les créateurs, est truffée d’exceptions qui sont en réalité des trous béants permettant un pillage sans vergogne de nos œuvres. Ces œuvres pour lesquelles nous avons consacré notre temps, notre expérience, notre savoir-faire, notre talent. Notre vie.
Pendant combien de temps encore pourrons-nous tenir le coup ? Qui accepterait de travailler gratuitement, sans recevoir de salaire ? Notre salaire à nous, ce sont les droits d’auteur.
À ceux qui prétendent que nos redevances sont un frein à la liberté d’expression et à l’accès au savoir, nous répondons d’une seule voix : ce sont eux, les fossoyeurs de la liberté et du savoir, car en niant notre droit à une juste rémunération, ils contribuent à l’extinction de la parole créatrice.
Je vous demande instamment de signer ce manifeste et de le partager avec vos lectrices et vos lecteurs, votre famille, vos amis, vos connaissances. Plus il y aura de signataires à ce manifeste, plus celui-ci aura de l’impact face au puissant lobby qui s’oppose à tout changement à la Loi au nom du libre accès à nos œuvres. Sans droits d’auteur, il n’y aura éventuellement plus de créateurs. L’art est essentiel à nos vies, et les créateurs doivent en vivre pour que l’art reste vivant.
⇒ Pour signer le manifeste, cliquez ici.
En toute solidarité,
Suzanne Aubry