Mot de la présidente — janvier 2021
Par Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ
Chers membres, chères membres de l’UNEQ,
Permettez-moi d’abord de vous souhaiter une année 2021 plus clémente que celle que nous venons de vivre.
L’année 2021 s’annonce des plus importantes pour notre avenir. Comme vous le savez, le gouvernement du Québec, après avoir interrompu le processus de révision des deux lois sur le statut de l’artiste à cause de la crise sanitaire, a enfin annoncé la reprise des travaux. Il était plus que temps : adoptée en 1988, la législation sur le statut de l’artiste qui concerne la littérature est injuste, inéquitable et inapplicable.
Je peux en témoigner personnellement. Lorsque je travaille comme scénariste, j’ai droit à la protection d’une convention collective qui établit les conditions minimales d’écriture ainsi qu’un filet social, en vertu de la Loi sur le statut professionnel et les conditions d’engagement des artistes de la scène, du disque et du cinéma (chapitre S-32.1). Mais, en tant que romancière, je suis assujettie à la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d’art et de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs (chapitre S-32.01), qui n’oblige d’aucune façon les producteurs et diffuseurs à négocier des ententes collectives. Je n’ai droit à rien.
À titre d’écrivaine, je dois négocier seule à seule avec des entreprises en position de force. Je ne bénéficie d’aucun filet social – par exemple, le pourcentage d’un contrat versé à un régime d’épargne-retraite, des assurances collectives ou des indemnités de vacances. En cas de litige, je n’ai accès à aucun mécanisme de médiation, ni à un recours au tribunal administratif du travail ; je dois me rabattre, seule, sur le droit civil et recourir aux tribunaux de droit commun, avec les délais et les coûts que vous pouvez imaginer ou que, malheureusement, vous avez déjà expérimentés.
Les témoignages de nombreuses survivantes d’agressions sexuelles et d’abus de toutes sortes qui se sont rassemblées l’été dernier pour parler, dénoncer et agir, ont bien illustré les énormes lacunes de la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d’art et de la littérature. L’impossibilité de négocier des ententes collectives prive de recours essentiels celles et ceux qui ont subi du harcèlement ou de l’abus de pouvoirs. Le grief, l’arbitrage, la justice réparatrice, la médiation sont autant d’outils qu’un syndicat peut offrir à ses membres, mais dont l’UNEQ, et donc toutes les écrivaines et les écrivains québécois sont privé.e.s. Cette situation s’apparente clairement à de la discrimination.
Les écrivaines et les écrivains doivent être considéré.e. s comme des artistes à part entière, partageant la même réalité socio-économique que les scénaristes, les comédiennes et les comédiens, les interprètes, les musiciennes et musiciens, et d’autres encore.
L’UNEQ lancera bientôt une campagne publique pour réclamer des changements profonds et durables pour les écrivaines et écrivains québécois. Plusieurs actions sont prévues au cours des prochaines semaines afin de faire avancer ce dossier historique pour l’avenir de la littérature québécoise et des autrices et auteurs qui l’écrivent. Mais pour assurer leur succès, nous avons besoin de votre soutien.
Membres de l’UNEQ, vous recevrez le 12 janvier prochain un courriel à lire et à conserver précieusement :
⇒ Il vous permettra de vous inscrire à une réunion d’information publique en ligne organisée par l’UNEQ. Lors de cette réunion, l’équipe de l’UNEQ vous expliquera tout ce qu’il faut savoir sur la révision des lois et répondra à vos questions.
⇒ Le ministère de la Culture et des Communications du Québec a lancé une consultation en ligne qui se déroulera jusqu’au 1er février 2021. Tout organisme ou individu peut soumettre un mémoire et répondre à un questionnaire sur le site web du Ministère. Pour vous aider à répondre au questionnaire, vous trouverez dans le courriel de l’UNEQ un document résumant les positions de votre syndicat. Ces lignes directrices vous guideront dans l’élaboration de vos propres réponses.
Merci à l’avance pour votre solidarité. Ensemble, #ecrivonsdemain !