Mot de la présidente — mars 2020

Par Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ

Les événements récents liés à la COVID-19 m’obligent à sortir du cadre habituel de mes interventions en tant que présidente de l’UNEQ. En quelques jours seulement, notre vie a complètement basculé. La pandémie qui sévit est extrêmement grave. Elle a et continuera à avoir des répercussions incalculables pour les populations en général, mais aussi pour les artistes, les écrivain.es. ainsi que les travailleurs et travailleuses culturels, dont les revenus sont entre autres liés aux événements artistiques et littéraires. Cette crise sanitaire a aussi des impacts directs sur le reste de la chaîne du livre, qu’on pense aux éditeurs, aux libraires et aux distributeurs.

Les annulations en série de spectacles de théâtre, de concerts, d’événements littéraires – tels les salons du livre – se sont multipliées au Québec et ailleurs ces dernières semaines. De nombreux lieux publics tels les théâtres, les cinémas, les musées, les bibliothèques, les écoles, les cégeps et les universités ont été fermés jusqu’à la fin du mois de mars, et ces fermetures pourraient se prolonger.

Nous sommes bien sûr entièrement d’accord avec ces décisions, qui visent à protéger la population et à juguler le plus possible la propagation du virus, mais elles signifient de lourdes pertes de revenus pour les travailleurs autonomes, les artistes et les écrivain.e.s. Le fait que les autrices et les auteurs ne puissent plus participer à des tournées de conférences dans les établissements scolaires ou les bibliothèques, pour ne donner que ces exemples, aura un impact direct sur leurs sources de revenus déjà précaires.

© Julien Faugère

Les gouvernements canadien et québécois ont déjà annoncé des mesures de soutien pour les artistes et l’UNEQ continuera à participer à toute initiative pour leur venir en aide. Je vous rappelle également que le fonds d’aide d’urgence Yves-Thériault est là pour soutenir les écrivaines et écrivains dans le besoin — pour en savoir plus sur les mesures de soutien et le fonds, cliquez ici.

À l’instar de la plupart des associations d’artistes, l’UNEQ a pris la décision de fermer la Maison des écrivains jusqu’à la fin du mois de mars afin de limiter les contacts entre les personnes (ce qu’on appelle distanciation sociale, une nouvelle expression qui fait désormais partie de notre vocabulaire), l’une des façons les plus efficaces de contrer la propagation du virus.

Notre directeur général, Laurent Dubois, a également établi un plan de télétravail pour nos employé.e.s. Nous surveillons de près l’évolution de la situation pour nos décisions à venir. Par courriel, toute l’équipe de l’UNEQ reste à votre disposition en cas de besoin — voir les coordonnées sur notre site web.

Nous devons agir comme citoyennes et citoyens responsables en mettant en action dans notre vie quotidienne les recommandations du gouvernement québécois — pour en savoir plus, cliquez ici.

Ces changements dans nos vies sont majeurs et on en saisit l’ampleur au fur et à mesure des jours qui passent. Ne plus recevoir sa famille, ses amis ; éviter les sorties, qu’elles soient amicales ou culturelles. Ne plus pouvoir rendre visite à des êtres chers qui vivent dans des résidences ou des CHSLD. Être en isolement lorsqu’on est déjà seul.e et sans réseau familial ou amical. Avoir à s’occuper de ses enfants tout en faisant du télétravail… et tant d’autres situations que l’on tentera de mieux comprendre lorsque cette pandémie sera terminée.

Je rends hommage au personnel hospitalier qui soigne tous les malades dans des conditions extrêmement difficiles ; aux caissières et caissiers de magasins encore ouverts qui doivent côtoyer constamment le public, dont le comportement n’est pas toujours exemplaire, et qui s’exposent à la contagion ; au personnel dans les aéroports et les avions, aux conductrices et conducteurs d’autobus… Sans oublier nos élus qui se battent quotidiennement pour protéger la population.

Tout n’est pas sombre dans cette tragédie. Il y a des zones de lumière et d’espoir. Les écrivaines et les écrivains ont l’habitude de l’isolement, volontaire ou non. Cette période nous permettra de consacrer plus de temps à l’écriture et à la lecture et aux personnes aimées. Et je ne doute pas que nous aurons une pléthore de récits ou de romans sur cette période unique dans notre histoire…

Comme l’exprimait de façon éloquente Amnistie internationale dans une récente infolettre : « Ne vous méfiez pas des autres, préoccupez-vous de ne pas les contaminer. Agissez comme si vous étiez contaminé.e et que vous vous souciez des autres, non pas comme si les autres étaient contaminés et que vous vouliez vous prémunir de leur contamination. »

Bon courage à toutes et à tous. Faisons preuve de solidarité, de compassion et de civisme. Découvrons le meilleur en nous-mêmes et dans les autres.