Lois sur le statut de l’artiste : des recommandations françaises qui pourront inspirer le gouvernement du Québec
Montréal, 28 janvier 2020 — L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) a pris connaissance avec grand intérêt d’un rapport remis le 22 janvier dernier au ministre de la Culture par Bruno Racine, haut fonctionnaire, ancien président du Centre Pompidou et de la Bibliothèque nationale de France. Ce rapport détaille la fragilité des « artistes-auteurs », identifie les tendances à long terme et propose 23 recommandations qui, si elles étaient appliquées, amélioreraient nettement leur condition.
L’UNEQ considère que ce document pourrait certainement inspirer les travaux de révision des lois québécoises sur le statut professionnel des artistes qui doivent commencer sous peu.
Bruno Racine insiste entre autres sur le déséquilibre du rapport de force entre les auteurs et le reste de la chaîne du livre, comme en témoigne cet extrait : « La relation qui lie l’artiste-auteur aux acteurs de l’aval (éditeurs, diffuseurs, producteurs) apparaît profondément déséquilibrée, ce qui conduit, le concernant, à mettre en cause dans de nombreux cas l’idée même de liberté contractuelle. »
Plus loin, on y fait état de la fragilité de la réalité socio-économique des auteurs : « La précarisation des conditions de vie et de création des artistes-auteurs renforce les inégalités sociales. En effet, en raison des difficultés croissantes rencontrées pour parvenir à vivre d’une activité créatrice, les auteurs qui ne peuvent compter sur un soutien familial ou sur un conjoint salarié sont en grande difficulté, voire de facto exclus. (…) les personnes les plus faibles économiquement sont les plus rapidement touchées et sorties de l’exercice de la profession », en l’occurrence les jeunes et les femmes selon le rapport.
Sont également abordés les impacts des nouvelles technologies, les conférences ou tables rondes données gratuitement, ainsi que la nécessité d’offrir aux auteurs une plus grande capacité de représentation collective, car « l’auteur se trouve souvent dans l’angle mort des politiques publiques à la différence des acteurs de l’aval, à la fois plus puissants et mieux organisés pour faire entendre leur voix » ; il faut « remettre les auteurs au centre ».
« Même si la situation entre les deux pays n’est pas en tous points comparable, certaines conclusions du rapport de Bruno Racine semblent avoir été écrites pour le Québec », souligne Suzanne Aubry, écrivaine et présidente de l’UNEQ.
« Ce rapport sérieux, détaillé et plein de bon sens renforce notre conviction que les choses doivent changer ici aussi. Au Québec, des injustices majeures continuent à exister pour les écrivaines et les écrivains, et elles sont en grande partie attribuables à la loi sur le statut professionnel des artistes dont dépend la littérature, qui est inéquitable et inadaptée », déclare pour sa part Laurent Dubois, directeur général de l’UNEQ. « Nous espérons vivement que la période de consultations qui s’ouvrira dans quelques semaines permettra enfin d’aborder, cartes sur table, une situation que l’UNEQ dénonce depuis de nombreuses années et qui ne peut plus durer ! »
L’UNEQ et son homologue français, la Société des gens de lettres (SGDL), organiseront d’ailleurs un colloque à Paris à la mi-mai 2020 pour examiner et améliorer la situation économique des écrivaines et écrivains des deux côtés de l’Atlantique.
⇒ Pour télécharger le rapport Racine, cliquez ici
À propos de l’UNEQ
Depuis plus de 40 ans, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois regroupe des poètes, des romanciers, des auteurs dramatiques, des essayistes, des auteurs pour jeunes publics et des auteurs d’ouvrages scientifiques et pratiques. L’UNEQ, qui représente actuellement plus de 1 600 auteurs, travaille à la promotion et à la diffusion de la littérature québécoise, au Québec, au Canada et à l’étranger, de même qu’à la défense des droits socioéconomiques des écrivains.
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Source : Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ)
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