La Déclaration des autrices et auteurs contre le travail gratuit
Depuis la fin du mois de septembre 2019, plusieurs écrivains québécois contribuent à la rédaction en ligne d’une Déclaration des autrices et auteurs contre le travail gratuit, qui a été signée par plus de 150 écrivains au moment d’écrire ces lignes.
Cette Déclaration, hébergée sur Google Docs, « est un travail collaboratif qui est né d’un ras-le-bol, d’une grande fatigue, d’un sentiment d’exaspération devant une situation économiquement intenable pour plusieurs d’entre nous », peut-on lire en introduction.
Voici les faits saillants de la Déclaration — que vous pouvez lire en cliquant ici.
- « La grille de tarifs et d’honoraires de l’UNEQ (Union des écrivaines et des écrivains québécois) suggère des tarifs minimaux qu’aucune association n’a le pouvoir de faire respecter, dans l’état actuel de la loi sur le statut de l’artiste. (…) Nous croyons qu’en tant que professionnels de l’écriture, ce minimum devrait être pris en considération au moment de nous inviter à participer à un projet artistique. »
- L’écriture est un travail qui exige du temps, et trop souvent ce temps de travail n’est pas rémunéré : « (…) toute œuvre écrite sans bénéficier d’une bourse à la création ou de tout autre financement est une œuvre que son auteur ou son autrice aura « payé » pour l’écrire. Un manuscrit peut prendre des années avant d’être prêt à être envoyé à une maison d’édition. Ce temps et ce travail sont peu reconnus dans la majorité des cas et nous souhaitons que cela change. »
- « Pour ajouter l’insulte à l’injure, nous sommes souvent payé·e·s en retard. Il n’est pas rare que l’un·e d’entre nous reçoive rémunération pour un projet six mois après prestation alors qu’on lui avait promis un paiement en 30 jours ouvrables. »
- L’argument de la « visibilité » (lorqu’on demande aux écrivains de bosser gratuitement en leur faisant miroiter une quelconque présence médiatique ou publique) « est une insulte à notre intelligence et à notre talent : l’exposure ne nous sert à rien pour payer le loyer. »
- Les signataires estiment que 10 % de redevances accordés aux auteurs sur la vente de leurs livres est insuffisant. « Pourquoi ne pas réviser ce maigre 10 % accordé aux auteurs et autrices, par exemple ? Ce serait un bon point de départ vers une réforme possible de la chaîne du livre. »
- La Déclaration déplore également que des salons du livre ne rémunèrent pas les écrivains lors d’entretiens devant le public. « La même chose est vraie quand nous nous déplaçons dans des écoles pour rencontrer des élèves ou des étudiant·e·s de tous les niveaux. »
- Il est également question des personnes noires, autochtones, racisées, lesbiennes, gays, et autres minorités sexuelles qui « n’ont pas toujours accès aux mêmes ressources et aux mêmes réseaux d’entraide et sont donc maintenu·e·s dans une vulnérabilité toujours plus grande. »
- En conclusion : « Nous sommes fatigué·e·s. Nous ne voulons plus agir en bénévoles de la culture. »
Ces revendications sont similaires à celles de l’UNEQ dans le cadre de son volet syndical, la défense des droits socio-économiques des écrivains.
La professionnalisation des artistes passe par un système de rémunération juste, équitable, un filet social protecteur et une reconnaissance des spécificités de leurs conditions de travail. L’UNEQ est mobilisée pour que la ministre de la Culture du Québec tienne son engagement de réviser les lois sur le statut de l’artiste, engagement inscrit dans la politique culturelle dévoilée en juin 2018. La Loi sur le statut professionnel des artistes en arts visuels, des métiers d’art et de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs (L.R.Q., chapitre S-32.01), en particulier, doit être revue pour fixer le cadre d’une entente collective protégeant les écrivaines et les écrivains — pour en savoir plus, cliquez ici.
L’UNEQ invite celles et ceux qui se sentent concernés à appuyer les revendications de la Déclaration des autrices et auteurs contre le travail gratuit.
L’UNEQ invite aussi les signataires de la Déclaration à travailler de concert avec leur syndicat professionnel, reconnu depuis 1990 le plus représentatif des artistes du domaine de la littérature en vertu de la Loi S-32.01.
⇒ 10 bonnes raisons de devenir membre de l’UNEQ