Mot de la présidente — février 2019
Par Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ
Une bonne nouvelle pour les autrices et auteurs d’essais !
Tout récemment, la Fondation Lire pour réussir annonçait qu’elle avait reçu un don de 30 000 $ de la part de la Fondation Charles-Gagnon dans le but de mettre sur pied un concours littéraire pour les essais et les ouvrages à caractère historique. L’UNEQ aura la responsabilité de l’organisation de ce concours, dont le gagnant ou la gagnante recevra une bourse au montant de 3 000 $ — voir le communiqué.
Depuis plusieurs années, l’UNEQ travaille à revaloriser le statut des auteurs d’essais. Je suis donc particulièrement heureuse que l’importante contribution des essayistes à la littérature québécoise soit reconnue par cette bourse Charles-Gagnon.
Une plateforme qui ne respecte pas les droits des auteurs
Dans une lettre qui vous est parvenue mardi dernier, je joignais ma voix à celle de nos collègues de la Writers’ Union of Canada, de l’Authors Guild (États-Unis), de la Society of Authors (Royaume-Uni) et de l’International Authors Forum (à Londres, dont l’UNEQ est membre) qui dénoncent avec fermeté les pratiques d’Internet Archive et d’Open Library, deux plateformes qui mettent en ligne des œuvres d’écrivaines et d’écrivains protégées par le droit d’auteur en vue d’un prêt numérique gratuit, et ce, sans autorisation des créateurs.
Lors de sa comparution devant le Comité permanent du Patrimoine canadien, en novembre dernier, l’UNEQ avait déjà vertement critiqué le « controlled digital lending » et les plateformes Internet Archive et Open Library, qui prétendent respecter les droits des auteurs alors qu’en réalité, elles les spolient. C’est une chose de permettre aux citoyens d’avoir accès gratuitement à des œuvres du domaine public. C’en est une autre de mettre à leur disposition des œuvres sous protection du droit d’auteur !
Si ce n’est déjà fait, je vous invite à signer les deux lettres ouvertes que nos collègues de l’Authors Guild et de la Society of Authors afin d’exiger qu’Internet Archive et Open Library cessent ces pratiques. De plus, si vous constatez qu’une ou plusieurs de vos œuvres figurent sur cette plateforme, vous pouvez exiger qu’elles en soient retirées — pour en savoir plus, cliquez ici.
Nous ne sommes pas seuls
Le sondage que l’UNEQ a fait auprès de ses membres l’été dernier a clairement établi que le revenu des écrivains tiré de leur pratique littéraire n’était que de 9 169 $, en moyenne. Et leur revenu littéraire médian est inférieur à 3 000 $. La situation n’est guère plus reluisante chez nos collègues du reste du Canada.
Si cela peut nous être d’une quelconque consolation, nous ne sommes pas les seuls à ne pouvoir vivre décemment de notre plume littéraire. Un sondage réalisé au Royaume-Uni en 2018 démontrait qu’un écrivain britannique ne tirait de ses revenus d’écriture qu’environ 10 500 £ en moyenne (soit environ 18 000 $ CA), en baisse de 42 % comparativement à 2005 — pour les résultats de ce sondage, cliquez ici.
Quant aux écrivains français, leurs revenus littéraires n’ont cessé de décroître au cours des dernières années. Selon une étude sur la situation économique et sociale des auteurs du livre provenant du ministère français de la Culture, « 41 % des auteurs dont l’écriture constitue l’activité unique ou principale gagnent aujourd’hui moins que le SMIC » (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) — pour en savoir plus, voyez cet article du Figaro.
Le portrait socioéconomique des écrivains n’a pas de quoi nous réjouir. Cette situation rend d’autant plus pressante la négociation d’une entente-cadre avec les éditeurs ainsi qu’une révision de la Loi sur le droit d’auteur afin qu’elle redevienne équitable.
Enfin, le gouvernement Trudeau, qui affirme soutenir les créateurs, devrait s’inspirer de la France dont le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s’apprête à déposer un projet de loi afin d’établir dès février 2019 une taxe sur les services numériques développés par les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon…), projet qualifié par le ministre de « mesure de justice et d’efficacité » — cité par Le Figaro.