Mot de la présidente — septembre 2018
Par Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ
Je m’attendais à un été plutôt tranquille, pendant lequel j’aurais pu poursuivre l’écriture de mon roman sans avoir constamment l’UNEQ à mon esprit, comme c’est le cas depuis que j’ai pris les rênes de la présidence, en mai 2017. Mais la vie est toujours imprévisible. Nous avons vécu un été chaud, dans le sens « caniculaire » du terme, et parfois douloureux. Douloureux, car l’annulation coup sur coup de deux spectacles mis en scène par Robert Lepage a non seulement fait les manchettes durant toute la saison estivale, mais a suscité un énorme débat, y compris parmi nos membres, surtout autour des questions de censure et d’appropriation culturelle.
À titre de présidente de l’UNEQ, je me devais de faire une mise au point (voyez mon « Mot de la présidente » de juillet) sur le rôle d’un syndicat comme le nôtre, qui est de représenter et de défendre chaque écrivaine et écrivain, quelles que soient ses convictions, et non de prendre parti pour les uns, contre les autres. C’est au cœur de notre mandat, de notre raison d’être. Il ne faudrait pas l’oublier.
Cela ne devrait pas porter ombrage à d’importantes victoires que notre Union a remportées ces derniers temps :
- La Commission municipale du Québec avait privé l’UNEQ, dans une décision datant de 2013, de l’exemption de taxes foncières dont bénéficiait notre association depuis de nombreuses années. Nous avons dû payer environ 52 000 $ par année depuis 2013 pour acquitter ce lourd fardeau fiscal, ce qui nous a plongés dans un important déficit structurel. L’UNEQ a porté sa cause en appel. Laurent Dubois, notre directeur général, et moi-même, avons témoigné en cour. Et l’UNEQ a finalement eu gain de cause dans un jugement de la Commission municipale daté du 24 mai dernier — pour le lire, cliquez ici.
- Autre décision favorable aux auteurs : depuis 2014, Revenu Québec contestait les réclamations des auteurs au titre de leurs déductions pour droits d’auteurs. Un bon nombre d’écrivains nous faisaient part des problèmes qu’ils avaient avec le fisc quant à ces déductions auxquelles ils avaient droit. Rappelons que cette déduction fiscale avait été introduite pour favoriser les créateurs à plus faibles revenus. L’UNEQ, de concert avec l’Association québécoise des auteurs dramatiques (AQAD) et d’autres associations d’artistes, a contesté cette interprétation. Nous avons finalement eu gain de cause : Revenu Québec est revenue à son interprétation antérieure sur les déductions pour droits d’auteurs et permet désormais aux auteurs de les déduire — pour lire la lettre de Revenu Québec, cliquez ici.
- Enfin, l’UNEQ a participé à toutes les consultations que le ministère de la Culture et des Communications a mises sur pied autour de sa nouvelle politique culturelle, et a revendiqué, au même titre que tout le milieu culturel, l’importance d’augmenter de façon substantielle les sommes consacrés à la culture. En tant que présidente de l’UNEQ, lors de chacune de ces consultations, j’ai insisté sur la nécessité de réviser la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d’art et de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs chapitre S-32.01 (pour la consulter, cliquez ici) qui ne prévoit aucune obligation de négocier un accord cadre de la part des éditeurs. Dans sa nouvelle politique culturelle, le gouvernement sortant a clairement indiqué qu’il y aurait une révision des deux lois sur le statut de l’artiste. Dans le contexte de la campagne électorale du Québec, l’UNEQ entend exiger de tous les partis politiques qu’ils s’engagent à mettre en œuvre cette révision.
L’UNEQ a également continué à consacrer temps, réflexion et énergie à plusieurs chantiers, dont celui de l’examen de la Loi sur le droit d’auteur.
Comme vous le savez, le processus d’examen de la Loi a été entamé en avril dernier. Laurent Dubois et moi-même avons témoigné devant le Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes afin de demander l’abolition de nombreuses exceptions introduites dans la Loi en 2012, qui ont permis une utilisation abusive des œuvres sans rémunération équitables pour les ayants-droits. (Voyez notre dossier.)
De plus, Copibec et l’UNEQ ont entrepris ensemble une campagne de sensibilisation (je dirais même d’éducation) sur l’importance des droits d’auteurs auprès des élus québécois du Parti libéral du Canada. Nous avons envoyé une lettre à chaque député(e), expliquant l’importance de la révision de la Loi sur le droit d’auteur pour les créateurs et proposant une rencontre. Jusqu’à présent, près d’une dizaine d’élus ont répondu à notre invitation. Nous avons pris notre bâton de pèlerin et nous irons les rencontrer un à un, une à une, dans leur circonscription respective.
La Fondation Lire pour réussir
Après le succès de la Journée Lire pour réussir le 8 septembre 2017 (initiée par Charles Prémont, membre du conseil d’administration de l’UNEQ), nous avons décidé de « ranimer » la Fondation Gabrielle-Roy, qui était restée inactive depuis sa création, et de lui donner un nouveau nom, la Fondation Lire pour réussir. Son nom le dit avec éloquence : la mission de la Fondation Lire pour Réussir est de développer la culture de la lecture dans toutes les sphères de notre société, à travers des projets originaux et novateurs. Ce nouvel organisme a son propre conseil d’administration, qui mettra différents projets sur pied. L’UNEQ agira comme le partenaire principal de la Fondation. Nous pourrons ainsi générer de nouvelles sources de revenus pour des activités de promotion de la littérature, et de la lecture, ce qui est également au cœur de notre mandat.
Le lancement officiel de la Fondation aura lieu le 11 septembre prochain à la Maison des écrivains. (Pour visiter le site web de la Fondation, cliquez ici.)
Un plan stratégique pour le présent et l’avenir
En février 2018, le conseil d’administration, sous l’égide de Laurent Dubois, a organisé un lac-à-l’épaule pour réfléchir aux destinées de l’UNEQ. Tout en tenant compte du passé de notre Union, nous avons redéfini nos valeurs et nos objectifs pour les quatre années à venir. Notre Plan stratégique 2018-2022, assorti d’un plan d’action, se fonde sur quatre valeurs : culture, vision, solidarité, audace. (Pour lire le Plan stratégique, cliquez ici.)
Parmi nos objectifs prioritaires : agir pour rendre obligatoires des normes équitables liées à la pratique du métier d’écrivain ; devenir un chef de file incontournable, une référence en culture ; intégrer les nouvelles pratiques et les nouveaux outils numériques aux activités de l’UNEQ et de ses membres ; accroître le sentiment d’appartenance et de solidarité des membres de toutes les régions. Quant à l’objectif d’atteindre une santé financière pour continuer à accomplir notre mission, il est en bonne voie d’être atteint… :-)