Décès de l’écrivaine Nicole Houde

La romancière Nicole Houde est décédée dans la nuit du 3 février 2016 à Montréal. Auteure d’une œuvre importante et lauréate de nombreux prix littéraires, dont le Prix du Gouverneur général et le Prix du Journal de Montréal, elle laisse dans le deuil ses trois enfants qu’elle aimait tant : Frédéric, Mélanie et Janis.
Discrète et affectueuse, d’une inconditionnelle générosité, Nicole Houde se faisait une joie et un devoir de lire chaque année les nouveautés québécoises, tant la poésie que le roman.

En 2007, Elle participait à l’événement Livres comme l’air et était jumelée à Eynulla Fatullayev d’Azerbaidjan.
Voici la dédicace qu’elle lui a rédigée.

 

Cher Eynulla Fatullayev,

Vous êtes enfermé dans une prison où on vous oblige au silence. On croit ainsi vous enlever tout horizon, mais il vous reste celui de la conscience, celui du cœur. Tous ces mots que vous avez écrits portent une lumière qui fait partie de votre être. Les geôliers ne peuvent rien contre la souveraineté de cette liberté, qui, œuvre de mémoire, fait fi des portes closes et des fenêtres grillagées. Le courage a plusieurs voix, et de connaître maintenant la vôtre compte pour moi : je vous imagine souvent dans ce lieu où mille petites et grandes misères vous assaillent ; et pendant tous ces jours, pendant tous ces mois, vous pratiquez le métier le plus nécessaire qui soit, celui d’espérer.

Nicole Houde

 

Sa famille recevra vos condoléances le samedi 6 février de 14h à 18h, à la Maison funéraire J.A. Guilbault, au 5359 boulevard St-Michel, à Montréal (angle Masson). Il reste à confirmer une rencontre d’amitié qui devrait se tenir juste après, au Café Lézard, situé à proximité sur la rue Masson.

 

Son ami, l’écrivain Yvon Paré publie sur sa page Facebook ce magnifique hommage :

«MON AMIE NICOLE N’EST PLUS

J’ai vu le nom de Nicole Houde pour la première fois sur un fil de presse au journal Le Quotidien. Je surveillais les nouvelles et là, j’apprenais qu’une fille de Saint-Fulgence venait de remporter le Prix du Journal de Montréal pour La Malentendue. C’était en 1983. Nous avions fait la première page du journal. Les médias écrits s’intéressaient encore à la littérature alors.
Nous sommes devenus des amis. Trente ans déjà. Nous avons toujours été des amis, même avant de se rencontrer… C’était comme ça avec toi. Et là… La fin. Le dernier tournant. La dernière page.
L’amie, la romancière, la lectrice, le grand cœur, la rieuse, la coquette, ma lectrice de manuscrit, l’amoureuse des fleurs, des oiseaux, des chats qui traversent ses romans n’est plus. Quand je pensais qu’un manuscrit était près de devenir un livre, je faisais appel à son œil d’anthropologue. Je disais à la blague qu’elle n’était pas une lectrice, mais un scanneur. Elle voyait tout dans un texte.
Quand elle débarquait à la maison tout s’arrêtait. Quand elle téléphonait, plus rien n’avait d’importance. Elle possédait l’art d’arrêter le temps.
J’aimais la femme, l’amie, la lectrice, l’écrivaine unique qu’elle est et qu’elle restera. Un parcours unique, des romans lestés de vie. J’ai lu et relu Nicole au hasard de mes activités. J’en ai parlé si souvent dans mes conférences, mes rencontres autour des livres. J’en parlais tout le temps. Peut-être parce qu’elle était une compagne d’Amérique avec son univers si particulier. Elle aimait ceux et celles qui s’aventurent sur les petits chemins cahoteux et boueux. Elle avait un amour des humains et de sa famille qui ne s’est jamais démenti. Elle adorait Georges Brassens, Leonard Cohen, elle aimait tout court. Que de bons moments elle m’a fait vivre.
Amis lecteurs et lectrices, nous perdons une grande écrivaine, une grande Québécoise.
Elle a su repousser toutes les difficultés grâce à son amour des mots. Elle travaillait un récit il y a quelques semaines encore. Elle m’a fait lire les premières pages. Elle était pleine de doutes et c’était formidable comme toujours. Alors Nicole, tu es du côté de Gabriel Garcia Marquez, de Michel Tournier et de Gunther Grass, de Gaston Miron, de Gaétan Soucy et de Virginia Woolf. Ce que vous allez rire dans votre club de lecture.
Tu le sais, je vais écrire encore et encore pour continuer à parler de ton œuvre unique au Québec. Je te dis bonne route « en plein midi soleil ». Tu occuperas un grand remous dans ma mémoire, tu seras l’inconnue de mon jardin plein de musiques et d’oiseaux. Je pense à toi, pour que la vie soit vraie.»